Joan Baez – Les Choses Les Plus Simples ( Lien YouTube )
Ferme les yeux, ils transmettent cet étincellement qui
éblouit mes yeux, va ailleurs je me sens mal ici. Aussi loin que te mèneront
tes pieds fins croquignolets, sûrement, la plus désirable paire de nougats que je
n’ai jamais vue, aussi blanche que l'ivoire, qui semblent n'avoir jamais été
oppressée pas des tatanes, j'aurais dit qu'ils n'ont jamais fonctionné.
Aussi haut que pourront tes délicieuses mains, celles qui se
délectaient aux contacts suaves se refusaient aux miennes, de vraies dextres de
fée, lactescentes, aux doigts fins et grassouillets, aux ongles roses et
luisants. Que j'aurais baisé comme le front de ma mère. Elles sont à vue d'un
cœur captif, des menottes, elles aussi subsistassent et davantage que saurait
être ton cœur enveloppé de chrome dans sa fermeté d'acier s'obstinant au rythme
de mon palpitant ingrat tremblotant que j'aurais prié pouvoir fixer sur mes
genoux et le repentir avec ces dernières gouttelettes. Si tu appliquais
l'oreille à cet endroit entre ces lignes, tu entendrais distinctement deux
bruits : le premier devant, étranglé et allongé, l'autre fondamental, éclatant
et abrégé, comme les tic-tac d'une montre. Un cœur que j’aurais crevé de mille
coups si j'avais eu la moindre folie de te trahir. Ce cœur qui susurre, là, ce
qu'il désire.
Aussi chronique et apathique que puisse être ton ultime
discours, face aux miens pourtant simples, ah ! Si je pouvais exprimer comme je
sais penser ! Bien que j'aie du cœur à l'écrit, le procédé est long et le temps
est court. Mais il est écrit là-haut que je suis en train d'apprendre puis…
Dans ma tête, les mots se déguisent en courant d'air. J'ai ouvert ma lucarne,
qui laisse entrer plus d'air fureteur, inquisiteur et curieux que de lumière. Vas-y
donc, envole-toi. Comme un oiseau à tire-d'aile, tumultueusement. Comme une
danseuse légère, qui paraît prête à s'envoler. Comme l'avion s'envole, malgré
le brouillard. Comme mon âme qui s'envolera quand je mourrai. Comme une
poussière fuyant de l'outil d'un jardinier, comme des chants agréables. Comme
une prière s'envolant vers Dieu. Comme tes rancœurs, nos querelles et torts.
Comme une fumée. Comme je vois s'envoler toutes mes espérances, toutes mes
illusions, l'amour. Comme une passion folle, un désir après le plaisir. Comme
mes cours d'écolier. Comme mes souvenirs d'enfance. Comme tes cheveux
s'envolent au vent. Comme les choses simples que je t'ai dites se sont
envolées. Mais... Cet écrit restera... Ne t'inquiète pas trop pour moi, car sur
les ailes du temps, la tristesse s'envolera... vas-y, je ne veux pas te voir
chaque soir, me devancer à mon pageot, me contemplant avec tes yeux de paon
écarquillés, bouche entrouverte quand tu dessines cet éternel sourire insane,
ce baiser infaillible. Tes petits pieds sur mon oreiller profond, moelleux fleurant
la cigarette pendant que ton auriculaire droit cherche ma bouche pour me faire
taire, moi l'éternel poupon, je ne te dirais plus rien.
Quand on passe ses jours à oublier ses nuits : Joan
Baez – Les Choses Les Plus Simples
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