Pourquoi dormir. Se laisser dompter par le doux sommeil. Pourquoi somnoler alors que mes yeux ne se fermeront pas ce soir sur une dernière image de toi assoupie comme une poupée en porcelaine qu’on aurait posée au milieu d’un vaste lit. Pourquoi somnoler alors que mes narines n’ont pas absorbé, leur espérée pitance, cette odeur du néant qui se propage de l’ouverture de ta chemise et l’odeur de l’ardente concupiscence refoulée qui s’émane de tes aines.
Koop - Koop Island Blues ( MP3 )
En ce soir vermeil, le soleil a eu assez et le ciel mijote la houle et la teinte d’une femme sur le feu, qui se déplace dans la chambre avec un verre à chaque main en écoutant le chant des graffitis prendre un nouveau départ, pendant que je cherche un terrain où je pourrais enterrer mon cœur brisé. Non, je sais que je ne peux t’oublier, mais je vais m’oublier si la ville me le pardonne. Si tu permets, je serais un cadavre inutile dans ta baignoire, plus sourd qu’un pot si tu me tiendras comme un nouveau-né pour me chuchoter ce que tu ressens d’abord puis ce que tu comprends quant à ma supplication humble, timide et mal formulée de passer la fin de tes jours à me sourire doucement comme un nouveau-né… Tu avais pris l’air coquet par simple désœuvrement spirituel...
Je voulais exploser pour que mes côtes s’écartent et laissent pénétrer le soleil à l’intérieur. Tout ce dont tu avais besoin est des baisers, tout ce dont j’ai besoin est toi.
Mais… je ne veux pas une amante ! Je veux juste être vu, nu, à l'arrière de ta piaule, que tu me photographies avec tes petits yeux où j'ai mis de grands feux, mais de grâce fais-le avec transport, car je veux nourrir tes avides regards de ma chasteté et ses supplices qui laissent des rougeurs sur mon front. Tu sais, le diable conseille toujours d’immondes occupations pour les mains oisives et exige de larges tranches de temps pour la pensée en ébriété. Je suis monté, je suis descendu. Je suis allé, je suis revenu. À moins qu'une pluie d'été s'abatte sur ma gorge et provoque cette foudre liquide ; et pourquoi ? Parce que tu m'as demandé de le faire. Aujourd’hui tu me fais tellement honte parce que je n'ai que deux mains. Et alors ? Maintenant que tu es partie ? J'imagine péniblement que tu aies l'air, ce soir, sénile dans ton plus simple appareil, dans le costume d’Ève : en voilà une image de toi qui met en miettes un cœur déjà gonflé, secoué, froissé par des angles bien entretenus puis… roulé et meurtri. Il ne me reste que la bouche et ses commissures triomphantes avec la mémoire de leurs peaux, mais asséchée de ces plaisirs divins de baisers langoureux... Et du reste de mes membres ? Qui diable vaudrait-il retomber dans les apostolats chimériques ? Il faudra qu’ils redoublent de plaintes : ô cœur, ton sourire exilé, il faut que ton maître s’arrête de s’immoler le front, avec transport, de la volupté des flancs meurtris de flétrissures.
COMMENTAIRES